1991. L'URSS et son économie s'effondrent. Les rues se couvrent de banques étrangères.
Les espaces de la survie s'organisent, comme des cités de garages, villes de tôle dans la ville de pierre, État dans l'État, où travaillent et vivent les survivants de cette apocalypse : les Garagniks.
Mais la Nouvelle Russie veut en finir et lâche déjà ses bulldozers.
Un homme part à la recherche des cités survivantes dans une Russie parallèle, fantastique, souterraine...
C’est un film parcours qui nous emmène des années 1990 à aujourd’hui, du Moscou officiel à une de ses faces cachées : « Shanghai », plus grande cité de garages habitée de la capitale; de la destruction de celle-ci vers l’Est du pays, jusqu’au Tatarstan, dans un dédale de cités de garages souterraines encore épargnées par le ménage au bulldozer organisé par les autorités.
Un chemin initiatique au cours duquel on apprend de la voix des Garagniks et de celle des scientifiques, l’histoire et le fonctionnement de ces cités, leur nécessité et la potentielle promesse sociale, économique et urbaine qu’elles représentent. Une traversée durant laquelle le naturel des Garagniks contraste finalement avec le surnaturel quotidien d’un certain Moscou fait le fantasme et de peurs.
Un des enjeux du film consiste à recréer un espace imaginaire, souterrain, ramifié et complexe, à même de rendre compte d’un réel insaisissable , pour ne pas dire indicible. Il s’agit de faire sentir la force et la magie qu’un traitement purement documentaire ne pourrait permettre. Cette création d’un espace labyrinthique et fictif se veut aussi l’expression de l’impossibilité de cartographier ces lieux. Nul ne sait combien de passages, de niveaux souterrains les « habitants » ont pu y creuser.
Pour affirmer la dimension légendaire et fantastique du film, son écriture s’adapte au schéma archétypal des contes et mythes, selon une structure classique en trois actes.
Acte I : Première apocalypse
Le tumulte polyphonique des actualités françaises et soviétiques décrit la chute du mur de Berlin, la tentative de coup d’État à Moscou en 1991, la glasnost, la perestroïka.
Bientôt, l’agitation médiatique fait place à un autre choeur d’hommes et de femmes décrivant à la même époque les incidences de ces événements sur leur vie : salaires non versés, départ de l’entreprise puis leur installation dans les garages pour habiter, travailler ; survivre en somme à l’apocalypse économique, urbaine et politique que la chute de l’URSS et l’application des mesures du consensus de Washington ont engendrées.
Acte II : Deuxième apocalypse
Des pelleteuses arrachent les garages.
Certains semblent incendiés. Des brigades d’ouvriers centre-asiatiques errent entre les ruines, ramassant ici et là un morceau de ferraille, une planche.
Pendant que la voix du gérant de la coopérative explique comme tout sera beau après « Shanghai » : « La future Silicon Valley russe ! Ici.
La Russie va refleurir. » Dans ce qu’il reste des garages éventrés, on devine la vie qui s’y terrait : cuisines, lits, vêtements ; vestiges de la vie clandestine d’ici.
Acte III : Post-apocalypse
Un homme entame une quête dans un monde fantastique et souterrain où il découvrira que cités et Garagniks survivent ; et mieux encore,
ont le pouvoir de renaître dans une autre Russie.