couverture garagniks

CONTE-DOCUMENTAIRE SUR LES CITÉS DE GARAGE HABITÉES EN EX-URSS

Une production Les Films Déplanifiés, en coproduction avec Echelle Inconnue


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SYNOPSIS

1991. L'URSS et son économie s'effondrent. Les rues se couvrent de banques étrangères.
Les espaces de la survie s'organisent, comme des cités de garages, villes de tôle dans la ville de pierre, État dans l'État, où travaillent et vivent les survivants de cette apocalypse : les Garagniks.
Mais la Nouvelle Russie veut en finir et lâche déjà ses bulldozers.
Un homme part à la recherche des cités survivantes dans une Russie parallèle, fantastique, souterraine...

CITÉS DE GARAGES ET GARAGNIKS


Dès les années soixante, l'urbanisme soviétique doit répondre aux besoins générés par l'arrivée de l'automobile. Se créent alors des coopératives d'entreprises qui réclament et se voient attribuées des terrains, souvent non constructibles, sur lesquels leurs membres plantent de petits garages de tôle.

Dans ces cités de garages se développe bientôt une sociabilité particulière à l'égard des ensembles d'habitation et de la surveillance sociale et étatique exercée par les concierges. Poches de liberté relative, on y parle plus librement qu’ailleurs. De garages, ces espaces deviennent annexes de l’habitation, garde meuble, garde manger, atelier répondant aux manquements de l’architecture et de la planification. Rapidement, les premiers Garagniks apparaissent, réparant plus ou moins bénévolement la voiture du voisin ou la machine du voisin. Entre passe-temps et revenus complémentaires, des activités de production se développent. On y produit à son compte et à moindre coût les pièces ordinairement produites par les entreprises d’État ; en pleine crise économique de la fin des années 80 au début des années 90, cette production de contre-façon vient réintégrer le circuit « normal » de la marchandise en fournissant les pièces manquantes ou nécessaires aux chaînes de production officielles. S’apprend et se développe ici une troisième voie économique, entre économie soviétique planifiée et économie de marché.

La police ne pénètre que rarement dans ces cités, toujours organisées en coopératives et qui élisent leurs responsables. Ici, on trouve tout ! Restaurants,cafés, squats, habitations, ateliers, salons de beauté, salons mortuaires, repères de chasse, bureaux de notaires et même huissiers !

C’est une production urbaine neuve qui dépasse largement l’image de squat ou bidonville marginal que nombre de russes peuvent en avoir. C’est une Russie parallèle qu’une autre histoire aurait pu produire.

AFFRONT À LA NOUVELLE GRANDE RUSSIE


Mais la Russie veut désormais débarrasser les visages neufs de ses mégalopoles de ces pustules, comme d’autant de mauvais souvenirs des années 1990 qu’elle veut faire oublier.
Prétextant des pertes fiscales invérifiables, Vladimir Poutine veut « éradiquer » l’économie de garage ; quand, le maire de Moscou, après avoir détruit en une seule nuit plus de 10000 kiosques lors de la « nuit des longues pelles », décide, à la veille de la coupe du monde de football 2018, de raser la principale cité de garages de la ville, « Shanghai ».
C’est ici que naît ce projet de film, dans les décombres de la vie quotidienne de personnages maintes fois rencontrés depuis 2013.

TRAITEMENT


C’est un film parcours qui nous emmène des années 1990 à aujourd’hui, du Moscou officiel à une de ses faces cachées : « Shanghai », plus grande cité de garages habitée de la capitale; de la destruction de celle-ci vers l’Est du pays, jusqu’au Tatarstan, dans un dédale de cités de garages souterraines encore épargnées par le ménage au bulldozer organisé par les autorités. Un chemin initiatique au cours duquel on apprend de la voix des Garagniks et de celle des scientifiques, l’histoire et le fonctionnement de ces cités, leur nécessité et la potentielle promesse sociale, économique et urbaine qu’elles représentent. Une traversée durant laquelle le naturel des Garagniks contraste finalement avec le surnaturel quotidien d’un certain Moscou fait le fantasme et de peurs.

Un des enjeux du film consiste à recréer un espace imaginaire, souterrain, ramifié et complexe, à même de rendre compte d’un réel insaisissable , pour ne pas dire indicible. Il s’agit de faire sentir la force et la magie qu’un traitement purement documentaire ne pourrait permettre. Cette création d’un espace labyrinthique et fictif se veut aussi l’expression de l’impossibilité de cartographier ces lieux. Nul ne sait combien de passages, de niveaux souterrains les « habitants » ont pu y creuser.

Pour affirmer la dimension légendaire et fantastique du film, son écriture s’adapte au schéma archétypal des contes et mythes, selon une structure classique en trois actes.

Acte I : Première apocalypse

Le tumulte polyphonique des actualités françaises et soviétiques décrit la chute du mur de Berlin, la tentative de coup d’État à Moscou en 1991, la glasnost, la perestroïka.

Bientôt, l’agitation médiatique fait place à un autre choeur d’hommes et de femmes décrivant à la même époque les incidences de ces événements sur leur vie : salaires non versés, départ de l’entreprise puis leur installation dans les garages pour habiter, travailler ; survivre en somme à l’apocalypse économique, urbaine et politique que la chute de l’URSS et l’application des mesures du consensus de Washington ont engendrées.

Acte II : Deuxième apocalypse

Des pelleteuses arrachent les garages. Certains semblent incendiés. Des brigades d’ouvriers centre-asiatiques errent entre les ruines, ramassant ici et là un morceau de ferraille, une planche. Pendant que la voix du gérant de la coopérative explique comme tout sera beau après « Shanghai » : « La future Silicon Valley russe ! Ici. La Russie va refleurir. » Dans ce qu’il reste des garages éventrés, on devine la vie qui s’y terrait : cuisines, lits, vêtements ; vestiges de la vie clandestine d’ici.

Acte III : Post-apocalypse

Un homme entame une quête dans un monde fantastique et souterrain où il découvrira que cités et Garagniks survivent ; et mieux encore, ont le pouvoir de renaître dans une autre Russie.

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