Le film revient sur l'année 2013, ou Marseille fut élue "capitale européenne de la Culture", et porte un regard critique sur l'opération, et sur son utilisation comme un accélérateur des processus de mutations urbaines qui redessinent la ville.
Marseille est en passe de devenir une ville comme les autres. Sous les assauts répétés des politiques d’aménagement, elle se lisse, s’embourgeoise, s’uniformise. Cette transformation se fait au prix d’une exclusion des classes populaires, repoussées toujours plus au Nord. Son élection en 2013 au titre de « Capitale européenne de la culture » a permis une accélération spectaculaire de cette mutation. Là où brutalité et pelleteuses avaient pu cristalliser inquiétude, résistances et analyses, les festivités nous ont plongés dans un état de stupeur. Elles n’ont laissé d’autre choix que de participer ou de se taire.
"LA FÊTE EST FINIE" TRESSE TROIS RÉCITS :
Celui de l'épisode du cheval de Troie : comment les Danaéens, ayant sans succès assiegé la ville de Troie pendant dix ans décident d'employer la ruse. Comment les Troyens, découvrant le cheval, débattent pour savoir s'il faut s'en méfier ou lui faire honneur. Cassandre les presse de le détruire mais la majorité décide de le faire entrer dans Troie. Les Troyens préparent alors une fête immense, ornent les temples de feuillage de fête, etc... On sait comment se termine l'histoire. Ce récit est fait à partir de textes antiques lus par le narrateur, et repris par un choeur de marseillais.
Celui des festivités organisées pendant l'année "Capitale de la Culture". Des grands évènements de rue qui prennent une dimension métaphorique, lorsque les marseillais défilent lors d'une grande transhumance de moutons guidée par une femme en longue robe blanche juchée sur 3 chevaux noirs, où lorsque un artiste de rue fait fabriquer au public une Ville de carton.
Celui de la transformation urbaine de Marseille, véritable campagne militaire par exemple sur la façade maritime, rebaptisée "waterfront" par les élites locales et leurs "partenaires privés". On voit aussi quelles résistances ce processus engendre, certains se demandant quelle place leur sera laissée dans "la Ville Nouvelle" qu'on leur promet.
MOT DU RÉALISATEUR :
"Au delà de l’intérêt local, je pense que le film dit des choses sur la concurrence acharnée que se livrent les villes moyennes et grandes en Europe pour attirer les investisseurs et la petite bourgeoisie intellectuelle qui n'ont que trop peu été entendues. Il pose également un regard sur le renversement historique que nous vivons où "la Culture", vecteur et valeur traditionnelles d'émancipation pourrait bien devenir, si ses acteurs ne s'interrogent pas sérieusement sur leur rôle, une arme au service de la bourgeoisie d'affaire et des promoteurs immobiliers." Nicolas Burlaud , réalisateur.