Projection et commentaire de film "Le ciné-train de Medvedkine ou le miroir magique" par Massimo Olivero, doctorant sur le cinéma russe.
Dans le cadre du cycle "...Et nos pères" du Doctorat Sauvage en Architecture
Dans cette intervention, nous allons analyser certains des films réalisés par Medvedkine et son équipe de travail dans le projet du « Ciné-train » au début des années 30, pendant le premier plan quinquennal de l’Union Soviétique. L’objectif du projet était de filmer la « réalité soviétique » puis de la montrer immédiatement au peuple. Les courts-métrages donnaient un point de vue critique sur les réalités contextualisées et, par ce moyen, souhaitaient intervenir directement sur la communauté, en particulier sur sa productivité. En effet, la fonction première recherchée dans la réalisation de ces films était de générer un débat, une critique idéalement constructive et dialectique sur les conditions de vie de la communauté. Souvent, ces films furent générateurs et déclencheurs de tensions, latentes, entre les membres qui débattaient des problèmes soulevés par les films après leur projection et surtout tentaient d’y trouver une solution « rapide ». Ce travail collectif fut riche d’une véritable collaboration et participation active des habitants, dans les rôles d’acteurs, de spectateurs et d’interprètes. Emma Widdis fait allusion à un effet de « miroir magique » que produisait le ciné-train dans sa tentative de représenter fidèlement la réalité, puis de la changer et de transformer la communauté en citoyens soviétiques.
Contemporain d’une société qui privilégia l’exaltation des résultats obtenus et minimisa les échecs, le choix par Medvedkine de montrer en images les problèmes, dans une tentative assumée de les résoudre, fut une prise de risque. Ce rôle actif du cinéma et sa possible incidence sur la société, idéalement accepté mais en réalité craint par le système, furent l’épée de Damoclès du projet et la raison fondamentale de sa fin.
Dans notre analyse des films qui restent encore disponibles (la plupart ayant disparu), nous observerons comment Medvedkine a tracé la structure du cinéma militant, pensé comme un instrument capable d’intervenir concrètement dans la société afin de créer un nouveau type de communauté.